« Hier, seize patrons de presse ont dit Non aux discours de haine, ont, par la même occasion, appelé les journalistes à se ressaisir et ont, au bout du compte, demandé à l’État du Cameroun de prendre ses responsabilités. Les journaux (Le Messager, Mutations, Le Jour, Défis actuels, L’œil du sahel, The post, the Guardian post, Diapason, Lignes d’horizon, Ladies News, etc) en ont fait écho. Mais visiblement, d’autres directeurs de publication (Le pélican, le quotidien, Info matin, L’Expression, la République presse, Génération libre, Réalités plus, etc) ne veulent pas se ressaisir et continuent d’attiser la haine et l’acrimonie à l’endroit d’un homme politique, le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que ces journaux affichent des parutions de mauvais aloi pour stigmatiser , labelliser, étiqueter et criminaliser Maurice Kamto. Les mêmes « gladiateurs de claviers », expression empruntée au seize patrons de presse avaient publié, il y a quelques années, que l’Ouest a tourné le dos à Kamto ou encore que Kamto est le chantre de la déstabilisation du Cameroun. Ce qui est curieux, c’est que chaque fois que le ministre de l’Administration territoriale (Minat) tousse et voue aux gémonies ce leader politique, comme il en a l’habitude, ces mêmes directeurs de publication montent au créneau pour tirer à boulets rouges sur M. Kamto.
Aujourd’hui, ce sont les actions de Brigade anti-sardinards (Bas) ayant agressé le ministre de la Jeunesse et de l’Education civique (Minjec) et l’ambassadeur du Cameroun en Belgique qui sont attribuées au Mrc et, singulièrement, à son leader. Pourtant, l’homme politique s’est déjà désolidarisé des actes des activistes qui procèdent à des casses et à des basses manœuvres. Toutes choses ternissant l’image du parti. Tout récemment, le président national du Mrc a, d’ailleurs, rendu publics les dix commandements de ceux qui se revendiquent d’être militants du Mrc. Mais cette mise au point est mise sous le boisseau.
La déclaration des seize patrons de presse ne semble donc pas être appréciée par d’autres qui continuent de surfer sur la tribalisation du débat politique et social, fléau social décriée par tous tant il participe à la destruction du lien social, de la cohésion sociale, de la stabilité sociale et de la paix sociale. En cultivant le rejet de l’autre, en entretenant la méfiance à l’égard de l’autre, en considérant autrui comme un danger permanent et prêchant la haine de l’autre de manière officielle ou officieuse, ces vices nuisent à l’harmonie de la nation déjà fragilisée par une polarisation de crises sécuritaires qui sévissent dans des régions camerounaises. Alors, doit-on considérer que les parutions des DP de ce jour sont une espèce d’opposition à la déclaration publique conjointe des seize patrons de presse, qui tirent la sonnette d’alarme face au péril croissant de la haine tribale? Manifestement, ces DP se désolidarisent de cette déclaration publique si tant est qu’ils s’enlisent, sans coup férir, dans les eaux marécageuses du tribalisme et de l’ethnocentrisme. L’enjeu de cette guerre larvée entre les patrons de presse dont les uns sont pro régime et les autres anti- régime participe à créer une dichotomie et à cliver, de manière perpétuelle, l’espace public.
Face à ce jeu de la tribalisation des orientations des parutions où haine, acrimonie et diabolisation se coalisent, l’on va toujours observer une certaine somnolence, une tiédeur, voire une ankylose des organes en charge de l’application de loi. Il y a, pourtant, l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic), la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme et le Conseil national de la communication (Cnc), qui sont des organes en charge de sanctionner négativement ce basculement dans la haine tribale, mais ces instruments sont encore moribonds tant ils ne sévissent pas à l’égard des acteurs et activistes qui polluent l’espace médiatique et public. À qui profite ce crime de la tribalisation du débat politique et social au Cameroun ? Sans doute au régime de Yaoundé qui vit et entretient cette tare à l’approche des échéances électorales importantes sans infliger les sanctions austères qui s’imposent. Dommage! »